Bacilly – histoire d’une découverte

Il y a deux ans une amie et élève de Sylvia a décidé d’aller au vert et de déménager de chez elle à Paris en Bourgogne.

Cécile (l’élève en question) a donc vendu sa boutique de partitions de flûte traversière et a organisé une fête pour son départ.
Sa soeur musicienne et bouquiniste lui a offert pour cette occasion trois livres de musique ancienne  dont deux étaient des éditions originales des Pièces de Viole de Marin Marais.

Elle avait en fait trouvé ces livres dans un château dans la région de Blois; le châtelain vendait son château et devait donc se débarrasser de toute sa bibliothèque. Il rangeait les livres dans des bacs et quand Béatrice est arrivée, il lui a donné la consigne: « prenez ce que vous voulez »!

Cécile nous a invité le lendemain à regarder de plus près ces fameux livres de Marais. Pour ma part je trouve (à part la valeur sentimentale) peu d’intérêt dans ces livres, sauf si par hasard on trouve des annotations telles que des doigtés, dynamiques, coups d’archet ou autres indications. Ces deux livres (IV livre de Marais de 1717 sujet + basse) n’avaient donc pour moi que peu intérêt.

Et puis Cécile nous a proposé de regarder un autre livre d’airs « non-identifiés ». A mon étonnement j’ouvre ce livre pour découvrir ceci :Capture

C’est à dire près de 500 pages de « doubles » (ornements/variations sur des airs) français!

D’emblée, Sylvia et moi nous sommes rendu compte de l’importance d’une telle découverte : nous avons beaucoup d’exemplaires de variations au 17ème siècle venant d’Angleterre, d’Italie, et même d’Allemagne mais peu de l’époque de Lully en France!

J’ai immédiatement contacté notre ami Thomas Lecomte du Centre de Musique Baroque de Versailles à venir chez nous (où le manuscrit a séjourné pendant quelques mois) et il a commencé  l’identification de ses airs qui pour le moment restait un grand mystère.

Presque tout de suite Thomas Lecomte a pu identifier la majorité de ces airs d’être de la plume du compositeur Bertrand de Bacilly, célèbre pour ceci :

Nous avions peu d’airs de Bacilly, et de plus, comme je l’ai constaté auparavant, peu des doubles de lui! Par ailleurs le manuscrit contenait l’air « Estoilles d’un nuict » pour basse solo; cet air est mentionné dans les écrits de l’époque, mais il était jusqu’à présent perdu.

Nous avons donc décidé d’enregistrer cette belle musique inconnue pour mon ami Pierre Dyens et son label SAPHIR.
Voici donc le résultat :

L’acquisition du  manuscrit est en bonne voie pour être accueilli dans la collection musique par la Bibliothèque Nationale de France .

Quant à l’enregistrement,  il a reçu l’Orphée d’or pour la meilleure initiative discographique de l’année décernée en 2012 par l’Académie du Disque Lyrique à l’Opéra de la Bastille.

Et voici notre prestation lors de cette cérémonie au mois de mai de cette année :

Si vous voulez écouter ou acheter l’album il est ici :
CD de Bacilly

Jonathan DUNFORD

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